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Tout comprendre sur la chute de SVB

Chute de la SVB : tout comprendre en 7 points

Chloe Penet
mis à jour le 15/03/2023

Vous en avez peut-être entendu parlé puisque depuis vendredi c’est l’histoire qui secoue le secteur bancaire : la chute de la Silicon Valley Bank (SVB). Il s’agit en effet de la plus grosse faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise de 2008. Le vendredi 10 mars 2023, les autorités américaines ont fermé cette institution, entraînant une onde de choc dans le secteur.
L’établissement a subi un « bank run », soit un retrait d’argent massif et soudain de la part de ses clients, dont il n’a pas pu se relever. Mais comment en est-il arrivé là ?

1. Une banque très exposée à la tech

Pour comprendre la faille de la Silicon Valley Bank, il faut tout d’abord comprendre son business model. Fondée en 1983, elle représentait (en termes d’actifs gérés) la 16ème banque des États-Unis il y a encore quelques jours. Par ailleurs, elle était le pilier du financement des start-up de la tech. Plus précisément, elle gérait le cash des entreprises qui levaient de l’argent auprès de fonds de capital-risque et de capital investissement.
Parallèlement, elle prêtait également de l’argent aux dirigeants des jeunes start-up ou à ces fonds. Selon l’entreprise Reuters, elle était le partenaire bancaire de près de la moitié des start-up américaines financées par capital-risque cotées en Bourse en 2022.

2. Un surplus et excès de liquidités

Ce système en sorte de vase clos a pendant très longtemps porté ses fruits. En effet, en 2021, le secteur de la tech a connu un excès d’intérêt tout particulier à la faveur de la pandémie. Ainsi, les start-up ont réalisé d’importantes levées de fonds. De quoi faire sauter les dépôts de 102 à 189 milliards de dollars, auprès de la Silicon Valley Bank. Ainsi, la banque a investi cet excès de liquidités dans des placements de long terme peu rémunérés et à faible risque, notamment dans des bons du Trésor américain.

3. Le retournement de la tech

Toutefois, c’est à partir de 2022 que les choses se corsent, notamment à cause de la déroute des valeurs de la tech. En effet, de nombreuses entreprises technologiques se sont retrouvées incapables de lever des fonds. Ce retournement peut s’expliquer par de nombreux facteurs comme par exemple la fin brutale de la politique monétaire accommodante de la Fed (Réserve fédérale américaine. Les taux de la Fed, à 0% il y a un an environ, se situent aujourd’hui entre 4,5 et 4,75%.
Malheureusement, les start-up ont préféré brûlé leur cash en finançant leurs dépenses de gestion courante (loyers, salaires…) qui étaient jusqu’alors financées par les levées de fonds successives, plutôt que de remplir leurs comptes bancaires. En conséquence, leurs dépôts chez SVB se sont peu à peu effritées, à l’inverse de 2021.

4. La SVB doit liquider ses actions pour faire face aux retraits

Toutefois, la SVB n’a pas suffisamment anticipé la situation. Pour cause, elle avait investi une grande partie des dépôts de ses clients (placés à court terme) dans des obligations, souvent des titres adossés à des créances hypothécaires d’agences fédérales (placés à long terme), qu’elle a dû liquider en urgence pour honorer les demandes de retrait.
Toutefois, la politique monétaire de la Fed a également eu pour conséquence de diminuer la valeur du portefeuille obligataire de la SVB : quand les taux montent, les prix des obligations diminuent. En vendant ces titres, la banque a ainsi encaissé une perte de 1,8 milliard de dollars. Afin de compenser ce manque, elle a indiqué vouloir une augmentation de capital de 2,23 milliards de dollars, malheureusement trop tard.

5. L’annonce d’un « bank run »

L’annonce de la chute de la Silicon Valley Bank a eu l’effet d’une bombe. Inquiets, les clients ont perdu toute la confiance qu’ils avaient accordé à l’établissement et ont voulu retirer leur argent massivement avant qu’il ne soit trop tard. On parle alors d’un « bank run ». Seulement sur la journée du jeudi 9 mars, c’est environ 42 milliards de dollars d’ordres de retraits qui ont été passés. Malheureusement, tous n’ont pas pu être honorés, mettant ainsi les entreprises qui avaient besoin de cet argent pour rémunérer leurs salariés dans une situation périlleuse. La SVB s’est ainsi retrouvée exsangue en quelques heures à peine.

6. Les autorités tentent un sauvetage

Ainsi, le vendredi 10 mars 2023 les autorités américaines ont fermé la SVB afin de protéger les dépôts et de limiter le risque de « contagion ». Par ailleurs, son administration a été confiée à la FDIC, l’agence qui gère l’assurance des dépôts bancaires. Ainsi, cette procédure permet d’assurer jusqu’à 250 000 dollars par déposant. Cependant, les dépôts des clients de la SVB dépassent cette somme et c’est plus de 90% qui ne sont pas assurés.
Dimanche 12 mars, après un long week-end de crise, les autorités ont donc décidé d’étendre la garantie et de permettre aux clients de récupérer l’intégralité de leur dû. Ce même week-end, la Signature Bank a elle aussi été placée en faillite. La Fed s’est par ailleurs engagée à prêter des fonds aux autres banques qui feraient face à d’importantes demandes de retrait. Selon Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG : « les craintes d’une nouvelle crise financière systémique sont peu fondées », la chute de la SVB ayant été causée par des facteurs peu représentatifs de l’ensemble du secteur bancaire.
Un point de vue qui est partagé par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui veut se montrer rassurant : « Nous avons des banques qui sont solides et qui ne sont pas exposées à un seul secteur d’activité ».

7. La réaction des marchés

La faillite de la SVB n’a pas eu seulement des conséquences négatives sur les cours des actions des banques. En Europe, elles ont subi de plein fouet le mouvement de défiance des investisseurs. Lundi, l’indice sectoriel Stoxx 600 Banks a clôturé en chute de près de 6%. Ainsi, la peur de la contagion s’est répandue sur les marchés et les indicateurs de stress sont tous au vert. La liquidité s’est évaporée, la volatilité est fortement remontée et sur le marché du crédit, les primes de risques ne cessent de se renchérir.
Ainsi, les investisseurs ont trouvé un abri du côté de l’or, des emprunts d’État et de devises comme le yen ou le franc suisse. Les taux à deux ans ont baissé de façon spectaculaire, bénéficiant à la fois du mouvement de fuite vers la qualité et des ancitipations de modération du resserrement monétaire.



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