Janvier 2023 marquera une nouvelle ère dans l’univers du crédit immobilier. En effet, de nombreuses banques auront ainsi la possibilité de remonter leurs taux. C’est notamment le cas pour le taux d’usure, soit le niveau maximal auquel il est autorisé d’accorder un crédit, qui va connaître une revalorisation très sensible dès le début de l’année. Il se pourrait même que celle-ci dépasse celle de 48 points de base mise en place le 1er octobre 2022.
Une revalorisation des taux attendue
Janvier 2023 est extrêmement attendu, aussi bien par les professionnels du crédit immobilier que par les ménages. Et pour cause ! Le taux d’usure, soit le taux maximum auquel il est possible d’autoriser un prêt, devrait fortement augmenter le 1er janvier. En effet, après une hausse de 48 points le 1er octobre 2022, ce taux avait été porté à 3,05% (tous frais compris) pour les emprunts immo de plus de 20 ans.
Si les organismes bancaires se gardent de mettre un chiffre concret sur cette hausse, le marché s’attend à un relèvement compris entre 50 et 55 points de bases (0,55%). Selon Sandrine Allonier : « C’est mécanique, comme les banques ont ajusté leurs barèmes de prêts en fonction du taux d’usure précédent, la nouvelle hausse ne peut de toute façon pas être inférieure à 0,48% ».
On peut ainsi constater que le vent tourne du côté des ménages, après une dizaine d’années de crédits accessibles : les banques françaises ont prêté à un taux moyen de 1,77% au mois d’octobre, ce qui correspond à une hausse inédite depuis six ans. Les prix des emprunts n’ont de cesse de remonter dans un climat économique et monétaire compliqué. Afin de lutter contre l’inflation, la Banque Centrale Européenne (BCE) relève ses taux directeurs, ce qui se répercute de façon progressive sur le prix du crédit.
Des hausses qui prennent du retard
On parle alors ici d’une double mécanique alliant la hausse des taux du crédit, ainsi que la hausse du taux d’usure. Toutefois, celle-ci a nourri pendant des mois une polémique entre les professionnels du prêt et les autorités financières.
Du point de vue des courtiers et des organismes bancaires, certains emprunteurs (selon leurs capacités de remboursement) seraient bien finançables, mais à un taux supérieur au taux d’usure : il se retrouvent donc exclus du prêt immobilier. Par ailleurs, le relèvement en octobre aura tout de même permis de débloquer la situation mais de façon provisoire puisque les taux du marché refonctionnent à nouveau.
La normalisation du crédit
À la Banque de France, les observations sont tout autres. En effet, le taux d’usure y est d’abord vu comme un mécanisme visant à protéger les ménages contre un éventuel risque de surendettement. De plus, avec 16,1 milliards d’euros de crédits accordés au mois d’octobre, la banque de France estime que le volume des crédits est loin d’être aussi catastrophique qu’il n’y paraît, et que le dispositif mis en place ne freine pas vraiment la production.
Selon François Villeroy de Galhau : « En France, le crédit est plus abondant, moins cher et plus sûr que chez nos voisins européens ». Par exemple, les taux moyens des prêts immobilier s’élevaient en octobre à 2,40% dans la zone euro, contre 1,77% en France.